Je suis toujours là

“À travers ce film, adapté d’une partie de son roman fleuve, Rablaïre (dont Viens je t’emmène était aussi une adaptation), Guiraudie atteint des sommets, notamment en confrontant ses personnages à leur propre culpabilité et leurs petits (voire monstrueux) arrangements avec le contrat social. Partout, le désir et la frustration se cognent violemment. On se bastonne au lieu de s’étreindre sur la mousse humide de la forêt, qui se fait le lit d’indicibles secrets. On frôle le conte maléfique quand des champignons provocateurs poussent de façon insensée, anarchique et franchement comique.

Encore faut-il savoir les chasser. “Y a pas à être doué pour chercher les cèpes, il suffit de regarder par terre”, conseille le curé, le panier plein de ces trouvailles particulièrement phalliques, avant d’aller urgemment se confesser. “Il ferait mieux de dire des messes plutôt que se promener”, maugrée Martine. Partout aussi, la jalousie s’immisce, comme le poison d’un champignon vénéneux. Avec ce polar rural, virtuose et gourmand, Guiraudie cuisine une recette savoureuse comme une omelette aux girolles. En guise de persillade, un humour tordant.”

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