Dersou Ouzala

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Réalisé en noir et blanc et en 16 millimètres par trois joyeux camarades pour deux francs six sous belges, C’est arrivé près de chez vous inaugure l’entrée fracassante de Benoît Poelvoorde dans le monde du cinéma. Il y incarne Ben, un tueur en série mégalomane, érudit, psychopathe, homophobe, raciste et poète à ses heures qu’une petite équipe de télévision va suivre dans ses activités quotidiennes, au risque de l’amitié et de la complicité qui s’ensuit.

Tourné principalement à Bruxelles à la manière d’un reportage, dans un grain sale et avec une caméra portée, le film alterne les scènes de boucherie et les réflexions “philosophiques” du héros, quand il n’associe pas les deux dans des scènes d’une insolite cocasserie. […]

Pensé à l’époque comme une satire de la télé-réalité naissante, le film paraît aujourd’hui au diapason de l’abjection qui ne faisait alors que s’annoncer, par sa dénonciation désopilante du voyeurisme et de la complaisance du médium télévisuel. Son régime dramaturgique très inégal et sa fin en queue de poisson soulignent enfin à quel point l’abattage de Benoît Poelvoorde y joue un rôle fondamental, dans la lignée de ces acteurs magnifiques dont la folie personnelle nourrit le génie créateur.

Le Monde

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